stress-neonati-ti-riguarda

En quoi parler du stress des bébés est plus important de ce que tu penses

Pourquoi parler de stress chez les bébés ? Pour le troisième épisode de cette série autour du stress, je veux commencer dès le début. Parce que même les bébés sont sujets au stress (et beaucoup); et la façon dont nous les accompagnons détermine la formation des structures cérébrales qui les aideront à faire face à la vie, même en tant qu’adultes. Et même si tes enfants sont plus grands, il vaut toujours la peine d’en apprendre davantage, pour pouvoir aider si besoin et diffuser aux futures générations !

stress-bébés-ti-regard
Déjà la naissance, après tout, est un événement stressant. Photo par Javier de la Maza sur Unsplash

Pourquoi parler de stress des bébés?

Je ne savais rien de tout ce que je vais d’écrire aujourd’hui, quand je suis devenue maman.

J’étais sereine, calme et naïve, convaincue que je ferais des erreurs, mais de la meilleure façon possible.

Mon instinct me suggérait comment réagir face aux pleurs; mais il y avait beaucoup d’autres voix qui se levaient plus fort :

« Comme ça tu vas la gâter! »; « Tu ne veux pas qu’elle s’y habitue? » « Tu êtes trop gentille / trop patiente.. »

Et puis parfois il y avait la fatigue; la solitude de l’incompréhension aussi.

J’espère ne pas avoir fait de gros dégâts, mais en même temps je me dis: « Si seulement j’avais su avant! »

Donc, bébés d’aujourd’hui et de demain, maman nouvelle ou en devenir, papa, toi qui a un rôle si important mais parfois tu ne le sais pas. Ces lignes sont pour vous.

Si tu penses que ça ne te concerne pas, et tu vas cliquer ailleurs (parce que je sais que le temps est court et précieux, et l’attention sur Internet ne dure que quelques secondes). Attend.

Qui tu es aujourd’hui dépend au moins en partie de ces premiers mois avec tes parents.

#1 : Nous, les parents, formons le cerveau de nos bébés

À la naissance, le cerveau d’un nouveau-né a environ 100 milliards de neurones. Pourtant, ce n’est que le début.

Ce choix est biologiquement délibéré : les êtres humains naissent malléables, prêts à s’adapter à tout environnement social qui les accueillera.

Le cerveau, en bref, se construit sur la base de l’expérience.

Les premiers mois et les premières années, les synapses (c’est-à-dire les connexions entre les neurones) augmentent considérablement, tandis que les connexions qui ne sont plus utilisées sont rapidement éliminées pour faire place aux nouvelles.

(C’est pourquoi jusqu’à l’âge de 3 ans, les enfants oublient rapidement les personnes qu’ils croisent et les événements s’ils ne sont pas répétés.)

Et quelles sont les principales expériences d’un nouveau-né? Nous, ses parents. A travers les sens.

stress-bébés-contact-physique-protection
Le contact physique avec la mère donne un sentiment de sécurité et de protection

Les bébés naissent déjà équipés pour utiliser certains sens au maximum, en particulier:

  • odeur – ils reconnaissent l’odeur de la mère et du lait
  • toucher – ils sentent la présence du parent avec tout leur corps
  • ouï – ils reconnaissent la voix de leur maman et cherchent le battement de son cœur (c’est pourquoi nous avons tendance à allaiter d’abord à partir du sein gauche..)

Tu te rappelles de ce sentiment de calme profond, ces premières heures où tu as serré ton enfant pour la première fois contre toi ? N’avais-pas-tu l’impression que le monde s’était arrêté, qu’il n’y avait que vous dans cette chambre d’hôpital qui est soudainement devenue une bulle de savon ?

À un moment donné, même les bulles les plus résistantes éclatent.

(Ça peut également t’intéresser : Câlins comme remède pour les crises de colère)

Qu’est-ce que le stress pour les bébés

Nous avons vu ce qu’est le stress, ses effets à long terme et comment c’est parfois nous-mêmes la cause d’une situation stressante.

Il semble absurde de penser qu’un nouveau-né puisse déjà être stressé, non?

Si je dis «Stress», tu penses probablement à la prochaine réunion, l’augmentation de salaire que tu souhaites demander, à comment annoncer ta maternité sans risquer de perdre ton job (bien que cela ne devrait plus se produire aujourd’hui ?)

Reprenons la définition du stress :

« Lorsque nous sommes exposés à un élément, interne ou externe, qui bouscule notre équilibre physiologique ou psychologique »

Maintenant, pense à ton nouveau-né. Combien il dépend complètement de toi pour sa survie.

Tout stimulus pourrait le mettre en danger, parce qu’il ne sait pas encore ce qui est vraiment dangereux et ce qui ne l’est pas.

Il n’a pas encore les clés d’interprétation nécessaires, et ne peut toujours pas y remédier en aucune façon.

stress-bébés-regarder
On est sûrs que tout va bien ?

#2 Les bébés se stressent aussi !

Disons-le de cette façon: pour au moins les deux premiers mois de la vie, chaque fois qu’il y a un truc (un bruit soudain, un sourire, la faim..) l’équilibre du nouveau-né se bouscule. Ta réaction (ou son absence) envoie des signaux-clés au cerveau du bébé.

Son système nerveux n’a pas d’autres éléments pour interpréter les stimulai que les réactions du parent.

Le parent sourit, vient me chercher, me nourrit ? Tout va bien. Les sources de plaisir du bébé (les 3 sens ci-dessus) communiquent directement à son cerveau et ramènent l’équilibre.

(Ça peut également t’intéresser : ton sourire et le cerveau du bébé)

Le parent ne réagit pas ou il se montre peureux ou en colère ? Alerte rouge !

Lorsque la situation stressante se prolonge, le fameux cortisol entre en circulation.

En défense des mamans aux prises avec leur premier enfant

Je trouve que trop souvent, nous nous imaginons que s’occuper d’un bébé soit instinctif, naturel (« S’ils l’ont fait toutes les mamans pendant des siècles avant nous…« )

Ignorant, cependant, que :

  • Aujourd’hui, les mères très souvent travaillent, et elles doivent faire face à des situations parfois difficiles, aussi parce que la société nous envoie en quelque sorte une image de la «maman parfaite»

  • Les familles déménagent souvent, et le soutien des grands-parents, des frères et sœurs plus âgés, ceux qui sont passés devant nous et qui peuvent aider fait défaut. (Pour élever un enfant, il faut un village..)

  • En outre, jusqu’à il y a quelques années, on savait peu sur comment le cerveau fonctionne; pourquoi ne pas profiter des nouvelles découvertes ? Parfois, ils nous poussent à changer les méthodes du passé.

Sauf pour les cas extrêmes et les problèmes graves, les jeunes parents n’osent pas demander de l’aide.

Comment on fait pour allaiter ?

Est-il normal que mon bébé veuille les seins si souvent?

Dois-je attendre qu’elle pleure pour lui donner à manger ?

Prendre soin d’un nouveau-né n’est pas toujours si facile ni instinctif, et ça peut être très fatigant.

La liste des doutes potentiels est longue, et si une fois que nous sortons de la phase bébé, ils semblent loin derrière nous, pour ceux qui le vivent, ça peut être angoissant.

Parfois, nous perpétuons inconsciemment certains clichés.

Par exemple, que les bébés peuvent prendre des vices, ou faire des caprices. Quand leur cerveau n’est pas encore en mesure de le faire.

La bonne nouvelle? En général, nous allons faire la plupart des choses bien ! Et pour le reste, il faut apprendre à demander de l’aide ! parce que..

#3 C’est ton soutien qui apprend aux bébés à réguler le stress

Les nourrissons sont incapables de réguler leur stress tous seuls. Ils comptent entièrement sur nous pour le faire.

Comment faire ?

Le stress peut dépendre de :

  1. un besoin physiologique – typiquement, la faim et la soif;

  2. un besoin psychologique – une émotion à interpréter

Dans le premier cas, maman, sois attentive aux signes de la faim.

Habituellement, au moins dans les premières semaines, c’est quand bébé bouge la bouche et donne des signes d’être bien éveillé.

Oui, il vaudrait mieux intervenir avant que le petit pleure de désespoir, malgré ce que l’on pense généralement !

#4 Pour répondre au stress des bébés, montrons leurs émotions

Dans le second cas, qu’est-ce qu’on peut faire donc ?

Tu sais quand tu as ce réflexe instinctif de sourire aux bébés et de faire des versets, des langues, des visages drôles et des petites voix que, heureusement, nous n’utilisons qu’avec les bébés?

« Quel grand sourire! Tu es heureux hein ?! »

« Oh, tu es en colère, tu as faim, et maman n’a pas remarqué.« 

(Ça peut également t’intéresser : accepter les émotions de ton enfants fera de toi un parent plus serein )

stress-bébés-sens
Notre regard renvoie les émotions de bébé comme un miroir

Nous ne faisons que reproduire comme un miroir ses émotions! En anglais, ça s’appelle justement « mirroring »; nous montrons au bébé que nous comprenons ce qu’il ressent, et « lui expliquons. »

Pour comprendre les effets de cette interaction, et la facilité avec laquelle nous pouvons « stresser » nos enfants, regarde la vidéo de cette expérience (en anglais).

Ça montre la réaction d’une fille d’un an lorsque la mère cesse de répondre à ses stimuli, lui montrant un visage impassible:

Certains contenus ou fonctionnalités ici ne sont pas disponibles en raison de vos préférences en matière de cookies !

Cela se produit parce que la fonctionnalité/le contenu marqué comme « Google Youtube » utilise des cookies que vous avez choisi de désactiver. Afin de visualiser ce contenu ou d’utiliser cette fonctionnalité, veuillez activer les cookies : click here to open your cookie preferences.

Cette interaction « réfléchie », répétée d’innombrables fois au cours des premiers mois et des premières années, enseigne aux bébés :

  • Qu’il y a quelqu’un qui prend soin d’eux et les garde en sécurité

  • comment associer l’émotion à la conséquence 

(Ça peut également t’intéresser : Attachement, une théorie qui a encore beaucoup à nous dire.)

Les 3 types de stress

Les bébés peuvent être exposés à 3 types de stress :

  • positif
  • tolérable
  • toxique

#5 Tout le stress n’est pas mauvais

C’est la bonne nouvelle ! Tout comme pour nous les adultes, une dose contenue de stress est au faite très saine!

Cela permet à l’enfant de se construire, de savoir comment réagir par lui même aux événements.

En bref : pas de panique. Ta fille ne grandira pas en souffrance si tu l’as fait pleurer un peu plus ce soir, car tu étais trop fatigué pour réagir tranquillement.

Ce qui compte, c’est la répétitivité, la continuité.

Des problèmes peuvent survenir lorsque nous, les parents, avons un souci important, ce qui nous empêche d’être présents pour notre bébé.

Je pense à la dépression, à l’abandon, aux problèmes financiers graves, aux abus, etc.

Et donc, au niveau de la société, de la communauté, de la famille, il est important d’être conscient de tout cela afin d’être en mesure d’AIDER si jamais il y en avait besoin.

Les effets du stress sur les bébés

Si tu te demandes, mais que se passe-t-il au cerveau des bébés s’il fait vraiment face à une longue période de stress toxique ?

Pour ceux qui veulent une réponse schématique et sommaire :

  1. Stress toxique – cortisol trop élevé – la formation du cerveau est affectée

  2. D’un point de vue physiologique : l’enfant grandit avec une plus grande réactivité au stress

  3. D’autre part, du point de vue du comportement, il a plus du mal à s’adapter

  4. En ce qui concerne l‘apprentissage, il aura des difficultés au niveau du langage, des déficiences cognitives et socio-émotionnelles.

Comment dire, il manque du bon équipement pour démarrer comme il faut sa vie.

Si tu veux la réponse plus technique :

  • Des niveaux trop élevés de cortisol réduisent les connexions neuronales dans le cortex orbito-frontal.

  • cela rend au cerveau encore plus difficile de répondre aux réactions de l’amygdale, qui est « surexcité »

  • l’amygdale devient plus réactive et grandit plus

  • En d’autres termes: tu es plus facilement stressé et avec moins de ressources neuronales pour faire face à ce stress. Et cela se reproduit même à l’âge adulte, d’une manière différente selon les caractéristiques de chacun.

stress-bébés-ajustement-émotionnel
Tout va bien maman !

Pour conclure :#6 afin de mieux réguler le stress des bébés, soyons zen 

La façon dont nous, les adultes, savons accompagner nos enfants dès la naissance, leur donne de précieux outils pour faire face aux difficultés de la vie.

(Et je parle dans un sens large: non seulement nos propres enfants, mais les enfants avec qui nous avons l’occasion de passer du temps)

Reprendre notre rôle en conscience ne signifie pas ajouter une préoccupation supplémentaire dans la (vaine) tentative de «faire tout ce qu’il faut parfaiement».

Cela signifie, au contraire, :

  • oser demander et offrir une aide concrète sans culpabilité, par exemple.

  • Apprendre à prendre soin de nous, afin que nous puissions ensuite être ouverts et disponibles pour répondre aux besoins de nos enfants.

  • N’avoir pas peur de montrer notre vulnérabilité, nos doutes.

Si nous sommes sereins, alors nous pouvons être présents, et «prendre sur nos épaules» les besoins de nos bébés. Pour réguler leur stress.

Et crois-moi, c’est un grand exercice pour toutes les étapes qui vous attendent encore.

Sources et références

Note: en suggérant ces lectures pour approfondir, je pioche parmi les livres qui m’ont personnellement passionnée, ou parmi les lectures qui m’inspirent et que je ferais moi-même. Les liens vers Amazon.fr sont affiliés: cela signifie que si tu cliques et décides de faire un achat, je perçois une petite commission sans frais supplémentaires pour toi.

  • Je cite ce livre malgré il soit en anglais (il n’y a pas encore d’édition en français) mais c’est à partir de ce livre que j’ai tiré la plupart des informations : « Why love matters » nous plonge dans le lien entre les relations et le développement du cerveau, avec des exemples de la vie réelle quant aux conséquences possibles sur la santé (dans un sens large du terme). Comme il est un peu technique, je le recommande surtout si tu es intéressé à approfondir le sujet.

    En français, et de lecture agréable, tu trouves par contre « Pour une enfance heureuse : repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau » de la pédiatre Catherine Gueguen

  • C’est un guide indispensable : « La psychologie des bébés » est plein de photographies qui illustrent comment interagir avec les enfants en les accompagnant dans leur premier développement, à des étapes délicates telles que leur apprendre à s’endormir, les faire garder pour la première fois, etc. Le tout avec un ton léger, non coupable mais instructif. Pour moi, une perle rare que j’ai malheureusement découvert « tard ».

  • L’interview de Psychologies à Claude Suzanne Didierjean-Jouveau à propos des pleurs des bébés et des effets de notre réponse.

T’as trouvé intéressant? Laisse-moi un mot et partage !

Sur ce site Web, nous utilisons des outils propriétaires ou tiers qui stockent de petits fichiers (cookies) sur votre appareil. Les cookies sont normalement utilisés pour permettre au site de fonctionner correctement (cookies techniques), pour générer des rapports d’utilisation de la navigation (cookies statistiques) et pour faire la publicité appropriée de nos services/produits (cookies de profilage). Nous pouvons utiliser directement des cookies techniques, mais vous avez le droit de choisir d’activer ou non les cookies statistiques et de profilage. En activant ces cookies, vous nous aidez à vous offrir une meilleure expérience.

Certains contenus ou fonctionnalités ici ne sont pas disponibles en raison de vos préférences en matière de cookies !

Cela se produit parce que la fonctionnalité/le contenu marqué comme « %SERVICE_NAME% » utilise des cookies que vous avez choisi de désactiver. Afin de visualiser ce contenu ou d’utiliser cette fonctionnalité, veuillez activer les cookies : click here to open your cookie preferences.