Je ne pense pas être la seule à devoir faire face presque quotidiennement à ce dilemme : comment faire manger les enfants plus de légumes et moins de sucre et de chocolat? Je ne veux pas toujours cuisiner des plats différents pour satisfaire les goûts de chacun. D’ailleurs, nous voulons convaincre les enfants de manger sainement, mais connaissons-nous les effets de certains aliments sur le comportement? Trucs, découvertes et astuces pour faire manger les enfants et vivre le moment des repas en toute détente !
Table of Contents
Au début, elle mangeait de tout…
Revenons en arrière. Lorsque ma fille aînée avait environ un an et demi, elle mangeait tout. Ok d’accord, peut-être pas les brocoli (je peux comprendre). Je me souviens quand, lors de vacances à la plage (elle venait d’avoir 2 ans), nous sommes allés à la poissonnerie et elle regardait les palourdes tellement fascinée que la poissonnière lui en a donné une qu’elle a gardé heureuse entre ses mains. (Et puis goûté lors du dîner bien sûr!)
Puis, soudainement, quelque chose a changé. Peu à peu, elle a aimé de moins en moins d’aliments, et elle a éliminé un à un les produits de sa liste. Jusqu’au moment où je ne pouvais choisir qu’entre des pâtes à la sauce tomate ou à l’huile d’olive, et des bâtonnets de poisson panés (et les seuls légumes étaient les tomates dans le ketchup).
Je ne parle pas des « non » pendant la phase de l’opposition, lorsque les enfants, pour réaffirmer leur identité, s’opposent à tout ce que l’on propose. Peut-être que ça a commencé pour ça… mais bon, 2 ans après, maintenant ma fille devrait être dehors cette période ! (Ou peut-être qu’elle est en opposition permanente ..)
Comme cette transition s’est opérée lentement, je n’avais tout d’abord pas détecté ma réaction. Je cherchais constamment de satisfaire les enfants. Je ne voulais pas les forcer à manger pour ne pas associer le repas à une lutte de pouvoir. Parfois, simplement, j’étais fatiguée et je ne voulais pas me disputer.
…et maintenant c’est une galère
Jusqu’au jour où je me suis rendue conte que je devais pratiquement cuisiner des choses différentes pour chacun de nous tous les jours; et quand je ne le faisais pas, mes enfants revendiquaient leurs souhaits comme s’ils étaient au restaurant. Alors je me suis soudainement rebellée : je ne voulais pas leur donner cette image du rôle maternel.
Sans compter que, lorsqu’il n’était pas été possible de cuisiner quelque chose pour tous, ils finissaient par manger des pâtes pendant plusieurs jours d’affilée (bien sûr ce n’est pas la fin du monde, mais d’un point de vue nutritif .. discutable). Comment faire?
Voici un aperçu de toutes les expériences que j’ai tentées, toutes mes astuces pour faire manger les enfants. Y compris les nombreux échecs, réflexions et petites découvertes 😉
Astuces pour faire manger les enfants, stratégie 1 : Donnons l’exemple
Je ne peux pas éviter de l’écrire… Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que nos enfants mangent des choses que nous repoussons ! Manger avec goût, en décrivant aussi l’aspect esthétique de la nourriture avec des exclamations emphatiques de notre part, envoie un message important.
Je suis convaincue que ce message parviendra à mes enfants un jour. J’espère être toujours là pour le voir, car jusqu’à présent, ils sont heureux de nous voir manger de la soupe et avoir leur plat de pâtes devant eux !
Astuces pour faire manger les enfants, stratégie 2 : On fait un potager !
Ah, faire manger les légumes … Rien de mieux que de cultiver un petit potager ensemble! On ramasse courgettes et tomates, les enfants m’aident et puis ils seront heureux de manger! Une scène idyllique.
Bien non. Certes, quand nous avons essayé, mes enfants étaient encore petits. Enthousiastes en magasin quand il s’agissait de choisir les plantes, un peu moins quand il fallait travailler dans le jardin. Terre et eau partout; et après quelques minutes: « Maman, je suis fatiguée! Maman, je dois faire pipi! » Je me suis donc retrouvée d’un côté des enfants qui se plaignaient et voulaient de l’attention, et de l’autre, du chaos avec en plus d’autres plantes dont s’occuper.
Nous avons quand même fait le potager. Je me suis dite qu’une fois que nous irons cueillir les fruits de notre travail, ce sera mieux. Allons-nous arroser? « Oui, oui, chouette! C’est moi qui le fait! » (eau partout sauf sur les plantes). La sœur arrive : « Hey c’est moi qui arrose maintenant! Donne! » Dois-je continuer ?
Et au moment de cuisiner et de manger? Blerk maman, je n’aime pas ça!
Astuces pour faire manger les enfants, stratégie 3 : Nous cuisinons ensemble
Ok. Peut-être que je dois les impliquer davantage dans la préparation des repas! On cuisine ensemble? Enfin un jour je me suis sentie prête à leur confier des couteaux pas trop tranchants, après leur énième demande, et à les laisser m’aider à couper des poivrons. Ils étaient ravis! Mais une fois sur la table: « Maman Blerk, je n’aime pas ça!
Évidemment, si nous préparons un gâteau ou des biscuits, le résultat est très différent. Là, ils goûtent très volontiers…
Dans un cas, je dois l’avouer, la technique s’est révélée gagnante. Les enfants avaient demandé une sauce bolognaise pour leur pâtes, et mon mari avait proposé de la préparer avec ma fille. Dès qu’elle a vu que pour faire sa sauce bien-aimée, on utilisait des oignons, ça a été la cata. Elle nous a prié de ne pas en mettre, que sinon elle n’aurait pas pu manger, le monde est injuste, etc. Heureusement, nous avons tenu le coup.
Lorsque nous avons miraculeusement réussi à la convaincre de goûter (elle devait sentir le sel si je me souviens bien), ses yeux s’illuminèrent: « Mais c’est très bon! Papa j’aime bien les oignons! » Les oignons c’est aussi de légumes non ? 😉
Astuces pour faire manger les enfants, stratégie 4 : Participation de l’école
L’école s’attend à ce que les parents s’occupent à tour de rôle du goûter de tous les enfants. Et ce goûter doit contenir exclusivement des aliments « sains », à savoir des fruits, des légumes, du pain, du fromage et autres produits similaires. En bref, n’ayant que de quoi manger et voyant les autres, mes enfants essaieront aussi!
Un jour, au supermarché, ma fille voit un concombre. « Maman, tu sais que je l’ai goûtée l’autre jour à l’école, et j’adore ça! » Ah, c’est super j’ai pensé ! La fois d’après, j’achète un bon concombre et je l’amène pour le goûter, tout heureuse (quelle naïve je suis, je le sais).
Le visage de ma fille blanchit. Puis elle commence à pleurer désespérément. « Je n’en veux pas! Moi je ne m’aime pas! Je veux une autre chose! » En bref… s’il n’y a pas le choix, elle mange aussi le concombre… Mais elle cherchait plutôt l’approbation de sa mère.
Astuces pour faire manger les enfants, stratégie 5 : Poser des limites
Comme je vous le disais, un matin au cours de parentalité, nous avons discuté de nos difficultés, et en particulier de celle de faire face au repas de manière sereine pour tous. Et ça m’a sauté aux yeux comme tellement j’essayais de satisfaire les souhaits et les besoins de tous, que je terminais systématiquement par préparer un double ou un triple menu à chaque repas.
Je renonçais dès le départ à leur faire goûter des nouvelles choses, fatiguée de leurs cris et pleurs. Ce que l’on appelle un renforcement négatif. Involontairement, j’avais transmis à mes enfants le message que s’ils pleuraient fort et avec suffisamment de scènes dramatiques, ils l’auraient gagné.
Alors, en accord avec mon mari, j’ai décidé de me retrousser les manches (Forte de toutes les conseils à propos de la collaboration ah! ). J’ai préparé un plat principal et quelques plats d’accompagnement; et tout mis sur la table.
Apparemment, rien n’attirait ma fille: il y avait un cake aux légumes, une salade de tomates et des lentilles. Le tout accompagné de pain. « Mangez ce que vous voulez, vous pouvez choisir. Vous n’êtes pas obligés, mais il n’y a rien d’autre; vous devriez prendre au moins une bouchée et goûter avant de dire que vous ne l’aimez pas.
Quand les pleurs sont devenus trop forts, nous avons accompagné ma fille dans sa chambre (Réagir aux pleurs est toujours difficile..).
À la fin, après s’être calmée, elle nous a de nouveau rejoint et entre larmes et soupirs, elle s’est enfin convaincue de goûter. Et à la fin, elle a même mangé des tomates.
Le lendemain, même scène. Mais les pleurs ont duré un peu moins (elle n’avait pas envie de rester fermée dans sa chambre une autre fois). Jusqu’à ce que goûter et se contenter de ce qu’il y a sur la table soit devenu (presque) automatique. Bien sûr, ils essaient toujours de demander des pâtes hein?
Astuces pour faire manger les enfants, stratégie 6 : Repenser nos priorités
Les stratégies et les réflexions varient en fonction de nos besoins. Parce que, tout d’abord, nous devons nous demander: « Pourquoi me dérange-t-il que mon enfant ne mange pas? J’ai peur qu’il ne grandit pas bien, ou je crains de ne pas être une bonne mère? Qu’il ne m’aime pas suffisamment, ou qu’on ne me reconnaisse pas ma valeur et l’engagement que j’ai mis? » Évidemment, la liste peut continuer! Et cela dépend de ce qui est le plus important pour nous.
Par exemple, au déjeuner les enfants mangent à l’école et notre système prévoit que les plus grands puissent choisir entre trois menus. Ainsi, le dimanche soir, nous allons ensemble à l’ordinateur pour regarder et choisir les repas de la semaine. Il serait également possible de rapporter le repas de chez moi, comme ma fille me supplie de le faire de temps en temps.
J’ai choisi de l’éviter. Pour deux raisons :
-
parce que j’ai tout simplement assez de choses à préparer le matin (ou même le reste de la journée);
-
je sais que quand elle se trouve l’assiette devant elle, avec ses copains, et sous la pression de la maîtresse, elle goûte au moins quelque bouchée; et mange de trucs qu’elle refuserait tout-court à la maison.
Mais pourquoi ils ne mangent pas?
Qu’y a-t-il derrière le rejet de la nourriture par l’enfant? Potentiellement, mille raisons plus ou moins cachées. Par exemple, j’ai trouvé que, lorsque il y a des plats qui leur plaisent particulièrement à l’école, le soir ils n’ont pas très faim; mais ils sont de bonne humeur et plus disponibles à goûter.
Au contraire, quand ils n’ont pas beaucoup mangé au déjeuner, si je prépare quelque chose de nouveau et / ou avec des légumes pour le dîner également, ça devient un peu plus compliqué. Parfois, on n’y pense pas à tout ça.
Cette semaine ma fille était tellement grognonne. Elle me disait à peine bonjour quand j’allais la chercher à l’école, elle faisait mille histoires, se disputait sans cesse avec son frère.. et puis hier, d’un coup, elle est revenue heureuse et souriante. Pourquoi? Les premiers jours elle avait pratiquement sauté le déjeuner, ou « discuté » avec l’enseignant qui l’avait forcée à manger un peu; Hier au contraire, elle avait fini deux assiettes.. Et moi qui essayait de sonder les mystères impénétrables de son comportement!
Astuces pour faire manger les enfants, stratégie 7 : découvrir les liens entre nourriture et comportement
À propos du comportement. Je suis en train de lire un livre très intéressant (« Un zeste de conscience dans la cuisine » de la psychothérapeute Isabelle Filliozat) qui parle de psychologie liée à la nourriture et à la cuisine. Il offre des réflexions curieuses. Le premier est la relation entre nutrition et comportement.
Elle cite, par exemple, une étude publiée en 2007 sur The Lancet *, qui démontre le lien entre certains additifs, en particulier le E211, et l’augmentation de l’hyperactivité et du déficit d’attention chez les enfants.
Elle décrit également les effets d’un excès de sucres raffinés (non combinés aux fibres, et en surdosage par rapport au mode de vie) – le glucose stimule la production d’opioïdes naturels dans les cerveau, ce qui nous rend dépendants.
Selon d’autres études, certaines personnes sont particulièrement sensibles au sucre et sont sujettes à d’énormes fluctuations d’humeur allant de l’euphorie à la dépression.
En bref, notre humeur et nos pensées dépendent également du taux de sucre, de sérotonine et de bêta-endorphines dans le sang. N’est-ce pas incroyable?
Cela me fait aussi un peu peur. Parce que face à un comportement de mes enfants (et donc du mien!), il peut y avoir mille causes possibles … et il y en a probablement plus d’une, et elles sont toutes interconnectées. Il semble difficile de trouver un moyen de sortir du labyrinthe!
Quand un enfant est particulièrement opposant, agressif, hyperactif, ronchon, ou au contraire renfermé, silencieux ou dépressif, s’il a du mal à suivre à l’école, j’interroge ses parents sur son régime alimentaire et ce d’autant plus s’il a souvent mal au ventre ou du mal à s’endormir. Tout n’est pas psychique. Tout est psycho-somatique..
Astuces pour faire manger les enfants, stratégie 8 : Approfondir l’effet du stress
Voici ce qui se passe en pratique. Un événement nous met sous tension. Le stress rend notre intestin poreux (en modifiant l’équilibre bactérien).
En raison de cette porosité, certaines protéines peuvent traverser les parois intestinales. Les protéines du gluten et du lait, en particulier, sont composées de peptides opiacés qui, en traversant les parois intestinales, se fixent sur les récepteurs neuronaux, provoquant ainsi les mêmes réactions de dépendance du sucre. Agressivité, manque de concentration, problèmes pour dormir ..
Apparemment, chez les personnes sensibles, ces symptômes disparaissent immédiatement dès qu’ils cessent d’introduire des aliments contenant du gluten et du lait. L’auteur a vécu la chose en première personne, avec l’un de ses enfants, et la description qu’elle fait est assez significative.
La suite du chapitre continue en citant diverses études et expériences, dont certaines avec des résultats surprenants, qui sembleraient prouver un lien très étroit entre nutrition et comportement.
En voici un qui m’a frappé: dans une prison américaine, il y a près de trente ans, ils ont supprimé le sucre raffiné dans le régime alimentaire de 68 prisonniers (bien sûr, le chiffre est statistiquement non relevant). En l’espace de sept mois, le nombre d’accidents graves liés au comportement des prisonniers a diminué de 45%.
Des résultats similaires ont été obtenus en régulant le niveau de fibres et de vitamines, avec des améliorations conséquentes à la fois pour la performance (à l’école ou au travail) et pour l’humeur..
Astuces pour faire manger les enfants, stratégie 9 : Vérifions les étiquettes
Je ne suis pas prête à éliminer le gluten, le lait, le fromage, etc. de mon alimentation, ni de celle de mes enfants; et je ne veux pas non plus vous convaincre que c’est la solution au problème de faire manger vos enfants.
Ce que je trouve important (parce que ma fille présente parfois des comportements inexpliqués qui entrent dans ces catégories) est d’introduire des aliments intégrales, de vérifier les étiquettes, limiter les sucres raffinés et préférer les plus « bruts », et expliquer à mes enfants, autant que possible, l’importance d’une alimentation équilibrée liée aux activités journalières.
Ensuite, bien sûr, nous devons faire face à notre réalité : la confrontation avec les copains d’école, avec le reste du monde, même avec la volonté de nos enfants, avec nos propres habitudes (par exemple, je suis dépendante du pain et pour rien au monde je n’abandonnerais mes besoins quotidiens !!)
Astuces pour faire manger les enfants, stratégie 10: Vérifions aussi notre relation à la nourriture
Tout cela me conduit à une réflexion plus globale. Voilà peut-être pourquoi, quand je suis stressée, j’ai tendance à manger du pain de façon compulsive ! Et derrière l’acte de manger, de partager la nourriture, il y a des pièges. Vous ne dites jamais ou ne pensez à aucune de ces phrases :
-
« avec tous les efforts que j’ai fait pour cuisiner! »
-
« Il y a des enfants en Afrique qui meurent de faim et vous ne mangez de rien et jetez votre nourriture! »
Je mange pour faire plaisir à quelqu’un; je mange pour montrer mon amour et pour satisfaire l’autre personne plutôt que pour nourrir mon corps; ou même, je mange par culpabilité. Ou alors, je ne mange pas pour exercer une forme de contrôle sur ma vie. Petits comportements subtils qui façonnent ensuite notre relation à la nourriture.
Et ce que nous mangeons devient alors ce que nous sommes, comment nous nous comportons. Pourtant, lorsque nous examinons nos réactions ou celles de nos enfants, nous ne pensons presque jamais à remettre en question ce que nous avions dans l’assiette quelques heures auparavant… Food for thoughts!
Pour plus de réflexion, je vous recommande de lire cet article. Vous trouvez également d’autres astuces utiles ici ;).
Avez-vous d’autres petites astuces qui fonctionnent? Laissez-les dans les commentaires car nous pouvons tous les essayer!
*« Food additives and hyperactive behaviour in 3-year-old and 8-9 year-old children in the community : a randomised, double-blinded, placebo-controlled trial », The Lancet, vol. 370, novembre 2007